Lorsque nous sommes avec les chevaux, que ce soit à pied ou en selle, lorsque nous leur demandons quelque chose, il est indispensable de savoir pourquoi nous leur demandons cela et quel est le sens de notre demande. Cela me parait être une des bases de l’approche éthologique.
Je regardais ce midi une vidéo de la série Aventure au cœur de l’esprit libre d’Eqius, avec Walter badet, Florent Chaume, docteur en psychologie et spécialiste de la proactivité et Maëlle.
Ils rappelaient l’importance de donner du sens à nos actions, à nos gestes, à nos apprentissages.
Avez-vous déjà remarqué que nous leur donnons plus d’importance et nous retenons mieux si nous comprenons pourquoi faire telle ou telle chose ?
Retenir par coeur, sans comprendre, n’a pas de sens
Cela me semble capital dans le travail avec les chevaux. Pendant des années de club, j’ai écouté sans trop comprendre ce que me disait le moniteur ou la monitrice. Pour partir au galop, je devais reculer la jambe extérieure, pour faire une épaule en dedans, je devais mettre ma main comme ci, ma jambe intérieure comme ça, ma jambe extérieure ici, etc. (sans compter qu’aucun ne me disait la même chose). Ils ne m’expliquaient pas pourquoi la main devait soi-disant être là, la jambe ici et l’intérêt de faire tel ou tel mouvement. Ou cela restait vague. Impossible alors de retrouver toute seule les aides si je les oubliais car cela n’avait pas de sens et de logique, nous apprenions par cœur des aides sans les comprendre.
Si au contraire, nous comprenons pourquoi tel mouvement est intéressant pour le cheval (que ce soit pour travailler par exemple sa posture, sa souplesse, sa musculature) et ce que va permettre telle action de jambe ou de main, cela a alors du sens. Cela motive non seulement à faire ces exercices pour le bien du cheval (car faire des épaules en dedans sans en comprendre l’intérêt et l’importance ou juste pour faire beau en concours ou pour passer ses galops… bof bof) mais en plus, cela permet au cavalier d’être autonome. S’il oublie les aides, il peut simplement prendre le temps de réfléchir : je souhaite qu’il se passe ça dans le corps de mon cheval, donc ma main intérieure va pouvoir demander le pli, ma main extérieure tenir l’épaule si besoin, etc.
Et cela est déclinable pour tout ce que nous faisons avec les chevaux. Pourquoi leur apprendre à bouger les hanches au contact ou à distance ? Cela peut sembler un exercice de travail à pied parmi d’autres, notamment quand on découvre l’équitation éthologique. Si nous expliquons que cela sera utile pour n’importe quelle personne qui voudra « pousser » son cheval lorsqu’elle le panse car il est contre le mur, que cela permet d’éloigner les postérieurs ce qui est sécuritaire, que cela peut aider à reconnecter le cheval distrait ou anxieux (et la liste est longue), cela donne du sens à un apprentissage.
Quel intérêt pour le cheval ?
La question « Quel est le sens ? » peut être posée pour tout ce que nous demandons à notre cheval et il me semble important de voir l’intérêt pour lui. Nous pouvons nous dire : « Je veux qu’il monte dans un van et saute des barres pour aller en concours et me faire plaisir le dimanche ». Je ne rentrerai pas ici dans un débat sur les objectifs de l’humain. Mais nous pouvons aussi chercher l’intérêt pour le cheval. Lui apprendre à ne pas avoir peur du van et à bien voyager peut être utile pour lui s’il doit être emmené en clinique. Je ne veux pas le forcer à rentrer dans une boîte noire, je veux l’aider à bien vivre ce moment qui peut arriver dans sa vie.
Je ne cherche pas à ce qu’il devienne un robot en ayant peur de rien en le désensibilisant à outrance, je souhaite l’aider à mieux vivre dans un monde d’humain car avoir des coups de peur régulièrement n’est pas agréable pour lui et n’est pas sécuritaire, ni pour lui, ni pour nous.
Je ne cherche pas à le faire reculer, à lui faire bouger les hanches et les épaules car c’est dans la liste des savoirs éthologiques ou parce que la monitrice a dit de faire ça. Je cherche à contrôler ces pieds dans toutes les directions pour ensuite pouvoir le contrôler lors d’une sortie en extérieur (il est évidemment capital de pouvoir l’arrêter avant le passage d’une route par exemple), pour pouvoir le muscler et l’assouplir, pour pouvoir le soigner, etc.
Sortir des « il faut / je dois »
Avec les chevaux, comme souvent dans la vie, nous nous créons une liste d’injonctions : « Il faut / je dois ». Nous nous mettons la pression sans nous interroger sur ce qui se cache derrière ces « Il faut ». Est-ce une croyance ? Le résultat d’une pression extérieure ? Une habitude ? La peur du jugement ? Une méconnaissance ? Il est vraiment intéressant de s’interroger et je suis sûre que lorsque nous nous disons en conscience : il est vraiment important que j’apprenne telle chose à mon cheval, car cela lui apportera tel bienfait, nous trouvons du temps, de la motivation, de l’énergie et nous retenons bien mieux comment lui apprendre.
Et c’est également l’occasion de nous interroger nous sur ce que nous apportent nos chevaux. Car nous souhaitons les aider à mieux vivre dans notre monde, à leur enseigner tout un tas de choses « pour leur bien » et pour notre sécurité et notre plaisir. Mais eux aussi nous apportent beaucoup. Ce n’est pas une relation à sens unique. Elle a justement aussi du sens dans l’autre sens. Mais je sens bien que je vous embrouille. Alors je vous laisse réfléchir si tout cela a du sens pour vous;-)
N’hésitez pas à partager en commentaire vos réflexions, avis, interrogations, perceptions sur tout cela.
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